Je ne suis pas la seule à avoir quelque chose à me reprocher. [Sweety

La réaction de Maryon est justifiée, mais je ne resterai pas sur un début de dispute entre nous. Je l'aime trop pour ça.
Elle sort de la salle et, adressant un sourire d'excuse à Lola et à l'ensemble de la classe ensuite, je me lève, et cours à sa suite.
Je pousse la porte et la vois devant moi.
Je l'appelle, et marche vers elle.

-Maryon écoute... Je...

Je me laisse glisser le long du mur, et elle s'asseoit à mes côtés.

-Je... Je ne sais pas qui est le père.

Je n'ai pas le courage de lui dire que Jake l'es peut-être.
Je surprend son regard : elle est en manque, elle a besoin de sa dose.
Je me redresse.

-Mais je ne suis pas la seule à avoir des problèmes il me semble... J'ai vu Lucas Maryon. Et il... il m'a dit ce qu'il t'avais laissé faire...

Je m'agenouille de nouveau, et lui prend les mains.

-Maryon écoute moi. Je sais que je ne suis sans doute pas la personne la mieux placée pour te donner des conseils, mais écoute moi. Ça va te détruire. Je sais que, tu te dit que tu n'as qu'une vie, qu'il faut en profiter...
Mais ce bonheur effémère que tu va connaître, il n'est pas assez fort pour ensuite te faire oublier toutes les merdes que tu subira, à cause de ça.
C'est une seconde de plaisir pour une heure de souffrance Maryon. Et si tu ne t'arrête pas maintenant, tu ne pourras plus reculer.

Voir Maryon se détruire comme ça me navre et me met dans une rage folle.
Je me redresse, et lui attrape le bras.

-Ne dit pas que tu n'as plus d'ami ici Maryon ! Tu sais très bien que Lola et moi on est toujours là pour toi ! Et tu sais que Lucas t'aime !

Je ne parlerai pas de Jake. Je ne veux pas lui faire de peine.

-Maryon, tu te détruit. Alors oui, tu fais ce que tu veux de ta vie. C'est la tienne. Je respecterai tes choix et je continuerai à te soutenir, mais là, je ne peux pas ! Je ne peux pas te regarder faire ce que tu fais sans réagir, parce que je t'aime moi ! Je te considère comme ma meilleure amie ! J'ai pas envie qu'il t'arrive encore du mal ! J'ai plus envie que tu souffres Maryon... Je t'aime trop pour ça !

J'ai follement envie de la serrer dans mes bras.

-J'ai peur Maryon. J'ai peur pour toi. J'ai peur pour moi aussi dans un sens. J'ai peur que tu partes. Que tu fasses une connerie de trop, qui m'arracherai à toi ! Parce que ça me fait mal de te voir comme ça ! Parce que je vois que je suis impuissante, et quoique je fasse, j'ai l'impression que je ne t'aide pas !

Ses paroles sont comme une morsure de serpent. Ça fait mal, mais ce qui est pire, c'est la suite.
Je lui lache le bras, le coeur serré.

-Si c'est ce que tu veux, alors je ne me mêlerai plus de ta vie. Mais sache que tu n'as pas le monopole de la souffrance. Arrête ça Maryon. Tous ceux qui sont dans cette putain d'école ont souffert un jour où l'autre. Ils souffrent toujours pour certains. Oui, j'ai sympathisé avec Selena. Parce que je la trouvais gentille. Mais tu vois, encore une fois je me trompais semble-t-il. Mais c'est pas pour ça qu'on t'a abandonné. Quand Lucas est partit, on a tous souffert. Je ne dirai pas qu'untel a plus souffert qu'untel. Chacun, à notre manière, on en a souffert. Je me suis refermée sur moi même, tu as changé radicalement de caractère... On s'est isolés au lieu de se serrer les coudes, mais tout ça s'est derrière nous ! Je veux que tout redevienne comme avant Maryon. Comme quand nous étions heureux.

J'ouvre mon sac, et lui tend une enveloppe, contenant de nombreuses photos de nous tous, que j'ai prise au fur et à mesure des semaines et des mois passés ici. Notre "best of" en quelques sortes.
Je lui adresse un sourire triste, et m'accroupis pour refermer mon sac.

Une chose que je ne fais jamais : m'énerver. Pourtant, là, Maryon a poussé le bouchon.
Je la regarde s'éloigner et explose, hurlant :

-Très bien ! Casse toi ! Continue à fuir, à te droguer ! Je te laisse tranquille ! Mais ne reviens pas me voir en pleurant ! Et ne compte pas sur moi pour assister à ton enterrement après qu'on t'ai trouvé une seringue dans le bras dans un motel minable à Pétaoucscnhok ! J'arrête d'essayer de t'aider ! C'est ce que tu voulais non ?

J'attrape mon sac, et tourne les talons, furieuse.
Quand je me serrais calmé, je comprendrais surement à ce moment quelles conneries j'ai dit, et je m'en voudrais à mort, mais il sera alors trop tard !
Mais là, tout de suite, j'ai surtout envie d'un remontant : vodka ou tequila ?

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