Lui changer les idées {Marion

Depuis quelques temps, Marion allait de plus en plus mal. On la voyait rarement en cours, elle palissait à vue d'oeil... Obtenir d'elle une quelconque informations s'était révélé mission impossible, mais je ne suis pas du genre à baisser les bras...
J'avais réussit à lui faire mettre le nez dehors, et j'en étais fière.

Bon alors, qu'est-ce que tu veux ? Je paye, et j'ai tout plein de sous !!

Je lui souris. Il était presque impossible de la dérider. Même Lola n'y arrivait plus.
Nous passâmes la commande, et nous installâmes dans un coin tranquille.

On est quand même mieux dehors que dedans nan ?

Autant parler à un mur !
Le regard triste, je goûtais un peu de ma glace. Délicieuse. Mais je n'arrivais pas à l'apprécier...

Marion... Je sais que je t'ai déjà demandé ça des milliers de fois mais... Dit moi ce qu'il se passe ! Ca me tue de te voir comme ça !

Je hoche la tête.

Tu sais ce qui est encore meilleur ? Avoir un ami à qui se confier.

Piégée ?

Marion. Je sais que je ne suis ni Lola, ni Lucas. Je sais qu'on se connaît depuis peu mais... S'il te plaît, ça me fait mal de te voir comme ça ! J'ai besoin, j'ai envie de comprendre ce qui t'arrive !

Il est vrai qu'elle ne sait presque rien de ma vie non plus... Mais je suis prête, et si elle s'interroge, je lui raconterai... J'aimerai qu'elle voit en moi quelqu'un sur qui se reposer, quelqu'un qui la comprendra !

Marion... Tu te fais du mal...

Je la regarde, et j'ai mal pour elle...

Je comprend que tu ne veuilles pas en parler... Alors, je vais parler pour deux.

N'ayant pas des milliers de sujets de conversations, je décide de lui parler de moi.

Je n'ai jamais connu mon père. Je suis enfant unique. Ma mère m'a élevée. On n'étaient pas riches, mais on se débrouillait. J'étais heureuse, très heureuse... Ma vie, c'était comme une bulle rose... Mais un jour, quelqu'un a éclaté cette bulle. Quand j'avais 10 ans, un homme s'est introduit chez nous. Il semblait connaître ma mère, parce qu'elle lui a ouvert la porte. Ma mère m'a enfermé dans ma chambre, et j'ai entendu les voix monter. Ma mère s'est mise à crier, il y a eu un grand bruit, et puis plus rien. J'ai entendu des pas lourds, qui se sont approchés de ma chambre. L'homme a défoncé ma porte. Je m'étais cachée sous le lit, mais il m'a trouvé. Et il m'a violé.

Mon ton froid m'étonna moi-même.

Deux fois de suite pour être exacte. Quand il s'est endormit, je me suis levée, j'ai prit un couteau dans la cuisine, et je l'ai poignardé. 12 fois. Je suis allée dans le salon, et j'ai vu ma mère sur le sol. Elle n'était pas encore morte. Elle se vidait de son sang. J'ai vu la lueur dans ses yeux s'éteindre parce que les flics ne m'ont pas pris au sérieux quand je les aient appelés.

Je lui prend la main, compatissante...
Et je continue, certaine qu'elle aussi me cache encore des choses.

J'ai attérit chez mes grands parents, et c'est là que j'ai rencontré Lucas. Il a été le seul qui est resté avec moi. Je n'étais pas sociable, alors tous les gens s'éloignaient. Sauf Lucas. C'est lui qui m'a permit de tenir.
Mon grand-père était un ancien gradé. Il m'a éduqué comme si j'étais à l'armée. Voilà pourquoi je me débrouille au tir et au montage/démontage d'arme. Quand je ne faisais pas bien, il me donnait un coup de ceinturon.
Mais j'avais Lucas. Il me protégeait... Il était capitaine de l'équipe de basket tu sais ! On avait un accord. Je venais à ses matchs, il venait à mes spectacles de danse..

Je souris à ce souvenir.

Et puis il est partit, il y a deux ans, pour venir ici. Dès lors, ma vie est devenue un enfer. Un jour, après un cours de sport, un gars qui me tournait autour, mais qui se heurtait toujours à Lucas, est entré dans le vestiaire à l'aide de deux filles. Elles ont fermés la porte, et on s'est retrouvés seuls. Il m'a violé. Et quand il y eu finit, il a appelé ses potes, les amis de Lucas... Ses propres amis...

Ma voix tremblait.

Ils m'ont violés... Mais le pire ça a été les regards qu'ils me lançaient les jours suivant. Et ils ont recommencés. Le mois suivant... Puis deux semaines plus tard... Puis chaques semaines...

Ma voix mourrut, et je levai mes yeux bleu/vert vers le visage de Marion.

J'étais prête à mettre fin à ma vie Marion. Si Fox n'était pas venu me chercher, je ne serais plus de ce monde à l'heure qu'il est...

Je souris.

C'est derrière moi tout ça !

Elle n'est pas décidée à m'en dire plus... Tans pis... Elle s'est déjà énormément ouverte, et je lui en suis reconnaissante.

T'as vu le gars au comptoir ? Il arrête pas de te regarder ! Je crois que tu lui as tappé dans l'oeil !!

Un beau brun aux yeux bleus... A croquer ! Mais Marion ne tourne même pas la tête...

Allez... Je t'ai dit que je t'en trouverai un non ? C'est quoi ton genre ? Brun, Blond ? Grand, Petit ?

Mon sourire s'évanouit, mais je garde bonne figure... Mon But est de la dérider...
Je prend un énorme morceau de glace s'en m'en rendre compte, et l'enfourne...

-Mmmm.... Ch'est frooooid !!

Je cligne des yeux, et bat des mains comme une mouche, comme à chaque fois que je met un trop gros morceau de glace dans ma bouche...
Quand je l'ai enfin avalé, je ne frotte le haut du nez...

-Ca pique les synus..

Je m'essuie avec une serviette en papier, morte de honte...

-Merci...

Je me passe la main dans les cheveux... Je ne sais vraiment pas quoi faire... Si seulement Lola ou Lucas étaient là, ils sauraient sans doute quoi faire...
Je la regarde manger sa glace en silence...

-Tiens, la dernière fois que je suis tombée sur le prof de montage d'arme, il m'a demandé de tes nouvelles... Il a dit que ton caractère anti-conformiste lui manquait...

Je souris.